Résumé
A Ghardaïa, une petite entreprise familiale a pris l’initiative d’acheter des variétés communes de dattes, jusqu’alors mal valorisées, pour produire des confiseries. Le succès de cette initiative a conduit à une augmentation du prix des dattes de ces variétés sur les marchés locaux.
« De grandes quantités de dattes de variétés communes ne sont plus récoltées dans les anciennes oasis avec comme conséquence une porte ouverte pour l’érosion génétique et la perte de la biodiversité ».
« 65% des dattes nationales sont déclassées et très mal valorisées et une grande partie d’entre elles est utilisée comme aliment de bétail ».
Le contexte et les objectifs
Durant son cursus universitaire à Alger, Hamou a constaté que les dattes communes de Ghardaïa et les produits élaborés à partir de ces dattes n’étaient que peu connue du grand public. A son retour à Ghardaïa en 2011, il a participé à une formation animée par la GIZ en collaboration avec les autorités locales dans le cadre du programme de développement économique durable (Deved). Suite à cette formation, Hamou a continué à collaborer avec la GIZ afin d’établir une feuille de route pour redynamiser la filière de datte commune par la transformation. Hamou fait également partie de l’association des phoeniciculteurs de l’oasis de Ghardaïa.
La réalisation
A la suite des évènements de Ghardaïa en 2013 (conflits intercommunautaires), de grandes quantités de dattes ont été jetées en raison de l’incapacité des phoeniciculteurs à les écouler. Ce fut le cas en particulier des dattes molles qui se conservent très mal, à l’instar des variétés Bent Kbela et de Tajizawane. Cette situation alarmante a encouragé Hamou à donner vie en 2014 à son projet de valorisation des dattes par le biais de la transformation. Avec l’aide de sa sœur, ils ont revisité les recettes de transformation des dattes molles de leur grand-mère en intégrant une nouvelle matière, le chocolat (https://nessahra.net/deux-freres-algeriens-produisent-un-chocolat-de-haute-qualite-a-ghardaia/). Pour mettre en place ce projet innovant, Hamou a participé à une formation financée par la GIZ dans le cadre d’un programme dédié aux jeunes entrepreneurs.
En plus de la production familiale de dattes, Hamou se ravitaille auprès des phoeniciculteurs ayant des petites parcelles dans l’ancienne oasis de Ghardaïa. Toutefois, pour avoir un bon produit final, Hamou et sa sœur ont sélectionné les variétés de dattes les plus intéressantes pour la transformation. Hamou apporte également une assistance et un appui technique à ses partenaires (une dizaine de producteurs) pour que la production de dattes réponde à trois principaux critères qui sont : dattes molles, bien charnues et d’un calibre intéressant. Il demande également à ses partenaires de trier les dattes et de les stocker dans des caisses.
Les résultats
L’entreprise familiale a remporté en 2015 le concours européen de Switchmed. Ce projet correspondait parfaitement aux critères fixés par Switchmed, à savoir le respect des principes d’une économie circulaire, d’un développement local durable et de la rentabilité économique. Dans le cadre de ce programme, l’entreprise familiale a bénéficié d’un appui technique de 2016 à 2018, et a participé à un voyage d’échange d’expérience en Europe. De plus, des experts européens se sont déplacés à Ghardaïa pour lui apporter un appui.
A l’échelle locale, l’entreprise familiale connaît un franc succès. Douze tonnes de dattes sont transformées chaque année. Cette initiative familiale a eu des échos positifs à l’échelle locale. Suite à cette découverte de nouvelles potentialités pour les dattes communes, de nouvelles personnes et structures se sont lancées également dans ce créneau. Ce nouvel intérêt pour les dattes de variétés communes et la forte demande de ces dattes par les transformateurs locaux ont fait augmenter les prix sur le marché de Ghardaïa.
L’entreprise familiale propose et commercialise 16 gammes de produits (les dattes fourrées au chocolat, la pâte à tartiner, rob[1], etc.). A l’échelle locale, Hamou vend ces produits dans différents commerces de la région de Ghardaïa (café, alimentation générale, magasin de produits locaux, etc.). Il participe également à des foires et salons dans les grandes villes du pays afin de faire connaître ses produits.
Limites et perspectives
Les marchés local et national sont essentiellement alimentés par une seule variété de datte, qui est la deglet nour. Il serait nécessaire de mener un travail de communication et d’amélioration de la commercialisation des produits locaux au niveau national.
En perspective, la petite entreprise familiale est en train d’aménager un showroom à proximité de l’atelier de fabrication afin d’exposer et vendre ses produits. De plus, l’entreprise a l’intention d’ouvrir des petits showrooms dans les grandes villes algériennes.
Contact
Petite entreprise familiale « RIMA », Boussada Hamou et Rima ; +213 5 59 39 28 90
Mail : info@rimadates.com
Réseaux sociaux : https://web.facebook.com/rimadates
Fiche réalisée par : Farah Hamamouche
Date de publication: septembre 2020
[1] Sirop de dattes