Résumé : Dans la vallée de Khelaât M’gouna, un projet familial a développé la valorisation la figue, un produit de terroir autre que le produit phare, qui est la rose à parfum.
« Grace à notre projet de valorisation, les figues sèches qui étaient auparavant destinées à l’autoconsommation, permettent aujourd’hui aux agriculteurs de dégager une source de revenu supplémentaire ».
Le contexte et les objectifs
Dans la vallée de Khelaât M’gouna, les projets de valorisation de la filière rose ont saturé le marché. La famille Salih était à la recherche d’un projet pour générer des revenus pour ses membres actifs. Elle a développé une valorisation d’autres produits de terroir qui étaient principalement destinés à l’autoconsommation tels que la figue sèche et d’autres fruits (par exemple, l’abricot ou les amandes).
La réalisation
Entre 2011 et 2014, la famille Salih a d’abord voulu tester le projet en travaillant d’une manière informelle, avant de se lancer dans une structure formelle. Le succès du projet les a incités à formaliser le projet sous le statut juridique d’une entreprise SARL en 2014. Cependant, quelques mois plus tard, un ingénieur de la région leur a conseillé de créer une coopérative afin de bénéficier des subventions étatiques et des formations. En 2015, la famille Salih crée la « coopérative agricole familiale Saghro pour les figues et les produits locaux », qui regroupe 7 membres de la famille dont deux femmes. Effectivement, la coopérative a bénéficié de matériel de transformations dans le cadre du Plan Maroc Vert tels qu’un broyeur, une balance et une soudeuse. Le reste du matériel (par exemple, le séchoir et un appareil de mise sous vide) a été acheté par la coopérative.
Les résultats
Cette initiative de transformer les fruits locaux a eu un impact socio-économique positif à l’échelle locale. Chaque année, 36 tonnes de figues sèches sont valorisées par la coopérative Saghro. Ceci a contribué à donner un intérêt économique aux fruits locaux et surtout à améliorer le revenu des agriculteurs, et à créer de l’emploi pour les femmes rurales. Les figues sont achetées chez les agriculteurs à 50 dh le sac de 12 kg.
Deux des fils sont employés au sein de la coopérative et sont rémunérés à 2000 dh/mois pour réaliser les principales opérations de transformation et de conditionnement (séchage, broyage, emballage, etc.). De plus, des ouvrières sont embauchées afin de trier la production achetée chez les agriculteurs. Le nombre d’ouvrières varie entre 14 et 23 en fonction de la demande et de la période de l’année. Le nombre de jours travaillés par mois varie également selon ces deux critères. Les femmes sont payées à 1 Dh/kg trié, soit entre 80 et 100 Dh/jour.
La coopérative propose à la vente divers produits dérivés de fruits locaux tels qu’un cocktail de fruits broyés et des confitures à base de fruits locaux. Elle propose également d’autres produits fabriqués par les femmes de la famille (par exemple, le couscous, berkoukes[1], l’orge grillé, la menthe séchée). Les déchets de transformation sont également vendus comme aliment de bétails (5 Dh/kg). Enfin, la famille Salih collabore avec d’autres coopératives agricoles et agriculteurs de la région de Draâ-Tafilalet dans le but d’élargir la vente et la gamme des produits. En particulier, la coopérative vend des produits de terroir des environs (par exemple, le cumin d’Alnif ou le henné de Tazarine).
Les produits sont principalement destinés au marché local et national. Après une mauvaise expérience avec les intermédiaires qui leur proposaient des prix très faibles, la famille Salhi a décidé d’organiser un circuit direct de la commercialisation de leurs produits. A l’échelle locale, la coopérative vend au niveau de son siège, où une petite boutique a été aménagée. A l’échelle nationale, un des deux fils de Youcef Salhi s’est fait une réputation auprès des petits commerces (par exemple, les laiteries traditionnelles) après avoir sillonné les principales villes marocaines en distribuant des échantillons de leurs produits. La plus grande quantité des produits s’écoule à Casablanca (environ 2 tonnes par semaine). Le fils quant à lui vend les produits à un prix supérieur par rapport aux prix fixé afin de dégager une marge sur chaque produit. D’après Youcef Salhi (le père de famille), cette manière de vendre a encouragé son fils à se dépasser et à innover dans les démarches de vente afin de maximiser ses gains.
Limites et perspectives
La coopérative veut pouvoir vendre sur le marché international. Elle a déjà lancé les procédures pour obtenir un agrément sanitaire.
Contact : Youcef Salhi, trésorier de la Coopérative agricole familiale Saghro pour les figues et les produits locaux ; +212 6 27 65 05 18
Mail : youssefsalih@gmail.com
Réseaux sociaux : https://web.facebook.com/youssef.salih.750
Auteur de la fiche: Farah Hamamouche
Date de publication: septembre 2020
[1] Pâtes en forme de gros grains de couscous