L’introduction d’une culture peu consommatrice d’eau avec un fort potentiel de valorisation économique : le safran à Ghardaia

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Pays de l'innovation:
Algérie
Fiche de l'innovation:

Résumé 

Dans la wilaya de Ghardaia, la culture du safran est une solution alternative au problème de manque d’eau et est potentiellement très rentable

« Ghardaïa, futur pôle de la filière du safran en Algérie »

Le contexte et les objectifs 

Mostafa et Issa sont des producteurs de la zone de Berriane, dans la wilaya de Ghardaia en Algérie. Ils disposent de terres mais font face à un manque de ressources en eau. En 2016, ils ont cherché sur internet (par exemple, youtube) des cultures qui sont peu exigeantes en eau tout en étant rentables et adaptées au climat de Ghardaia (été chauds et les hivers froids). Le safran a retenu leur attention. En effet, cette plante se développe en hiver et sa culture nécessite ainsi peu d’eau. Mostafa et Issa ont alors pris connaissances des expériences menées en Algérie, en particulier dans la Wilaya de Kenchela (Nord-Est de l’Algérie).

La réalisation 

En 2016, Mostapha et Issa ont décidé de tester le safran à Ghardaïa. Toutefois avant de se lancer dans ce projet qui demande un grand investissement, ils ont voulu renforcer leur capacité à produire le safran. Ils sont entrés en contact avec un agriculteur pionnier de la culture du safran en Algérie, dans le but de lui acheter quelques bulbes et de lui demander de les accompagner et de leur apporter un appui technique au début. En parallèle, ils sont également entrés en contact avec des safraniers marocains par le biais des réseaux sociaux pour s’informer sur les opérations culturales du safran. L’associé de Mustapha, Issa a participé au festival du safran à Tiliouine. Ils ont également participé à des rencontres nationales organisées, entre autres, par l’Institut National de Recherche Forestière sur la filière safran. Cette institution étatique a proposé aux jeunes agriculteurs de leur apporter un appui technique dans le but de tester pour la première fois la culture du safran à Ghardaïa.

Les deux amis se sont associés afin de partager les charges relatives à l’achat des bulbes. Les tâches sont partagées entre les deux hommes et femmes de leurs familles respectives. Mustapaha et Issa se chargent de la production du safran à l’échelle de l’exploitation agricole (la préparation du sol, la plantation, l’irrigation, la récolte et conservation des bulbes, etc.), et les femmes se chargent des tâches relatives à l’émondage, le séchage, le conditionnement et étiquetage. Auparavant, les femmes avaient des activités agricoles dans les oasis, mais leur rôle a diminué lorsque ces activités se sont déplacées vers les extensions, plus éloignées des maisons. La culture du safran a permis que les femmes retrouvent un rôle actif dans l’expotation agricole. De plus, les voisines participent aux activités de préparation du safran et sont payées pour cela.

Résultats

Le safran est vendu pour l’instant avant tout à l’échelle locale,. Il se vend entre 4.000 et 3.000 Da/g en détail (20 € selon le taux officiel ) et entre 2.000 et 2.500 Da/g en gros. Il est utilisé principalement pour des fins médicinales.

Par ailleurs, Mustafa et Issa ont promu le safran auprès d’autres agriculteurs, et 25 se sont lancés dans cette aventure. La superficie de safran à Ghardaïa est ainsi passée à 40 ha en 2019, ce qui représente 3 kg par an. La commune de Berriane est ainsi devenue le deuxième pôle national de production de safran après Kenchela.

Limites et perspectives

Bien que la production du safran connaisse un engouement à Ghardaïa, la filière fait face à un problème de commercialisation. La demande nationale en safran est très faible puisque cet arome n’est que peu utilisé dans la gastronomie algérienne. De plus, la faible quantité produite à Ghardaïa durant les premières années ne permettait de pénétrer le marché international.

Pour contourner ce problème de commercialisation du safran, Mustapha et d’autres safraniers de Ghardaïa ont adopté pour l’instant de se focaliser sur la production et la commercialisation locale de la semence. Cette dernière s’écoule plus facilement et se conserve très bien. Pour se distinguer des autres producteurs de semence de safran à l’échelle de Ghardaïa qui ne cessent de s’accroître, Mustapha a fait évaluer la conformité de ses bulbes auprès d’une société française.

L’augmentation de la production à Ghardaïa pourrait permettre désormais de pénétrer le marché international, qui est pour l’instant la perspective principale pour assurer une commercialisation satisfaisante et ainsi assurer la pérennité de la filière. Pour réussir cela, des associations de producteurs de safran ont vu le jour en 2018 pour mieux défendre les intérêts communs et trouver ces débouchés pérennes: une au niveau national et d’autres au niveau des wilayas, à l’instar de celle de Ghardaïa

 

Contact

Mustapha Seoudi  +213 5 54 71 23 13 ; +213 6 61 92 94 82

Auteur de la fiche: Farah Hamamouche

Date de publication: septembre 2020

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