Transformations d’un système irrigué communautaire suite à l’intégration de nouvelles techniques d’exhaure de l’eau souterraine

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Pays de l'innovation:
Algérie
Fiche de l'innovation:

Résumé 

Dans l’oasis de Beni Isguen (Ghardaïa, Algérie), l’intégration de technologies modernes de pompage a induit des adaptations techniques et institutionnelles autour de l’accès et de l’usage de l’eau captée à partir des puits d’irrigation collectifs en dehors des périodes pluviales.

« Les technologies de pompage, un changement à double tranchant ».

Le contexte et les objectifs 

Dans l’oasis de Beni Isguen, traditionnellement, différents puits familiaux étaient utilisés, l’exhaure se faisant grâce à la traction animale. L’eau puisée était distribuée par le biais d’un réseau de canaux à ciel ouvert parcourant l’ensemble de l’oasis. A partir de la deuxième moitié du 20ème siècle, le pompage (à base de gasoil puis d’électricité) a remplacé le système d’exhaure traditionnel. Ce changement a modifié les caractéristiques physiques de l’eau souterraine captée en termes de débits. L’équipement de l’ensemble des puits d’irrigation collectifs par des pompes immergées individuelles a nécessité des adaptations matérielles et des arrangements institutionnels à deux échelles, à savoir : au niveau du puits d’irrigation et au niveau du système irrigué communautaire.

La réalisation 

Suite souvent à des processus d’héritages, différents ayants-droit utilisent le même puits et ont chacun installé à partir des années 1990 leur propre pompe, pour limiter les conflits sur la maintenance et l’usage du matériel. La présence de plusieurs pompes immergées électriques (jusqu’à 12 pompes) au niveau d’un même puits a incité les ayants droit à redéfinir un nouveau tour d’eau plus adapté au contexte. Avec l’augmentation du débit d’exhaure par pompage, les droits d’eau ainsi que la durée du tour d’eau ont été réduits. Deux à trois pompes peuvent fonctionner en même temps en période d’hiver et une seule pompe à la fois en période de pointe. De plus, l’ancien réseau traditionnel de transport des eaux souterraines du puits vers les jardins phoenicicoles, n’était plus adapté au gros débit de pompage. Il a été remplacé par des conduites d’eau individuelles, dont la longueur peut varier de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres.

A l’échelle du système irrigué communautaire, de nouvelles règles ont été élaborées à la suite de l’introduction de l’électricité et des conduites de transport de l’eau. Le réseau de câble permettant l’alimentation électrique de la pompe ainsi que les conduites d’eau doivent impérativement suivre l’ancien réseau d’irrigation considéré comme un bien commun, et les compteurs d’électricité doivent être placés soit à proximité du puits ou bien au sein des propriétés privées. D’après Djabber, membre des Oumana El Sayel (personnes en charge de la gestion de l’eau dans les oasis), ces derniers ont façonné ces deux règles afin de prévenir les éventuels conflits entre les membres de la communauté d’irrigants.

Les résultats

La décentralisation de la gestion du moyen d’exhaure de l’eau souterraine a permis une meilleure gestion de l’eau d’irrigation. L’eau pompée puis acheminée vers les jardins est stockée dans des bassins d'irrigation. Grace à cela, l’irrigation en pleine nuit a été abandonnée. Elle a également permis de limiter les conflits entre les ayants droits d’un puits familial et la maintenance de matériels et infrastructures hydrauliques auparavant collectifs. Toutefois, cette décentralisation a également causé la baisse de l’action collective autour de l’exploitation de l’eau souterraine (par exemple, le curage du réseau collectif de transport de l’eau). Le recours au pompage individuel a contribué à la baisse du niveau piézométrique et à la dégradation de la qualité de l’eau.

Limites et perspectives

L’accès aux technologies modernes de pompage a eu un impact négatif sur l’ancien système de transport et d’allocation de l’eau souterraine. Ce dernier connaît une dégradation importante, malgré sa valeur patrimoniale largement reconnue. L’association Ahbab El Ouahat en collaboration avec les Oumana El Sayl, sont à la recherche de fonds pour réhabiliter l’ancien système de transport et d’allocation de l’eau souterraine.

Contact

Membre du Oumana El Sayl, Hadj Moussa Djabber ; +213 7 75 17 69 30

 

Fiche réalisée par : Farah Hammaouche & Amine Saidani

Mise en ligne: septembre 2020

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