Innovations techniques menées dans le cadre d’une initiative individuelle de dérivation et de stockage des eaux de crue

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Puits capteurConduite souterrainePrise d'eau dans l'ouedRéservoir de stockage de l'eau captée
Pays de l'innovation:
Algérie
Fiche de l'innovation:

Résumé

Dans les anciennes oasis de la wilaya de Ghardaïa en Algérie, la dérivation des eaux de crue pour la recharge des eaux souterraines est une pratique collective traditionnelle. Depuis quelques années, on assiste à la multiplication des initiatives individuelles pour réaliser cette recharge dans les zones d’extension agricole. Des innovations techniques permettent d’accéder à cette ressource renouvelable et de profiter des sédiments présents dans ces eaux.

Dans mon exploitation agricole, je récupère chaque goutte d’eau que le bon dieu veut bien me donner, tout en essayant de la valoriser au mieux »

Le contexte et les objectifs 

A Ghardaïa, de nombreux agriculteurs ont commencé à développer l’agriculture dans les zones d’extension agricole durant les années 1990. L’un d’entre eux, Mohamed (prénom fictif), a voulu assurer la disponibilité du plus important des facteurs de production, qui est l’eau. L’emplacement stratégique de sa nouvelle exploitation agricole à proximité d’oueds et de talwegs, et la disponibilité de grands volumes d’eau de surface en période de crue, ont donné à Mohamed l’idée de mobiliser et valoriser l’eau de surface, en s’inspirant des pratiques traditionnelles dans les anciennes oasis.

La réalisation

Mohamed a réalisé trois types d’aménagements hydrauliques inspirés des ouvrages et pratiques traditionnels, à savoir la construction d’une petite retenue collinaire pour stocker l’eau ruisselée d’un talweg, la dérivation de l’eau d’un premier oued vers l’exploitation agricole à des fins d’irrigation et la recharge de la nappe phréatique à partir de l’eau dérivée d’un autre oued.

Ces ouvrages et leurs fonctionnements ont été adaptés pour résoudre différentes contraintes et à faciliter la manipulation. L’expérience de Mohamed au sein de la société familiale de tuyauterie en plastique, a largement contribué à ces innovations techniques. L’une des principales adaptations effectuées est la dérivation de l’eau de crue vers l’exploitation agricole via une conduite souterraine en plastique d’une longueur de 50 m. Cette adaptation permet de traverser la piste agricole qui sépare l’oued de l’exploitation agricole.  L’eau dérivée est stockée dans un regard d’un niveau inférieur à celui de l’exploitation agricole. Cette eau est par la suite captée à l’aide de pompes immergées à des fins d’irrigation par épandage.

De plus, une deuxième conduite souterraine en plastique, d’une longueur de 50 m, a également été aménagée sous une deuxième piste agricole pour dériver et canaliser une partie de l’eau de crue du deuxième oued. L’objectif de cet aménagement hydraulique est différent du premier cas décrit ci-dessus. L’eau de crue est dérivée vers un regard avant d’être injectée dans la nappe phréatique. La recharge se fait par le biais d’un puits d’irrigation qui se transforme en puits capteur en période de crue. De plus, Mohamed a fait installer une trappe munie d’une vanne sur l’extrémité de la conduite qui achemine l’eau vers le puits. La trappe et la vanne ont pour mission de contrôler le débit d’eau entrant vu la fragilité de l’ouverture dans le puits.

Les résultats

L’irrigation des eaux de crue chargée en sédiments par épandage permet principalement d’apporter de la matière organique, et ainsi réduire l’usage de fumier. Durant une bonne année en termes de pluies, qui se matérialise par le passage de 2 à 3 crues par an, l’irrigation par épandage des eaux de crue permet aussi de réduire les fréquences d’irrigation à partir des eaux souterraines.

De plus, l’initiative individuelle de recharger de la nappe a contribué à augmenter le niveau piézométrique de la nappe. Par exemple, durant une des crues de 2018 qui a duré environ une heure, le puits capteur de Mohamed a contribué à la recharge de la nappe de l’ordre 3.000 m3.

Limites et perspectives

Ces adaptations hydrauliques ont prouvé leur intérêt pour l’exploitation de Mohamed. Cependant, la communauté d’irrigants de l’ancienne oasis de Beni Isguen considère ces dernières comme une menace pour leur système irrigué communautaire. D’après eux, la mise en valeur des nouvelles extensions agricoles se fait au détriment de l’oasis ancestrale qui se situe en aval. La concurrence autour de l’eau de surface entre les espaces agricoles (ancienne oasis et nouvelles extensions) se fait de plus en plus ressentir. La communauté d’irrigants de Beni Isguen a commencé à développer elle aussi des ouvrages de recharge de l’eau à partir des eaux de crue dans les zones d’extensions agricole, en amont (voir fiche Amplification territoriale des règles collectives de gestion de la recharge de la nappe vers les zones d’extensions agricoles). Ainsi, ces nouveaux territoires agricoles font l’objet de coexistence d’initiatives privées et collectives de recharge la nappe phréatique.

En perspective, Mohamed veut renforcer le réseau d’acheminement de l’eau de crue vers l’exploitation agricole, et se reconvertir à l’énergie solaire afin de réduire les charge fixes, à l’instar de l’électricité dont la facture peut atteindre 90.000 DA/trimestre en période de pointe.

Contact : Farah Hamamouche : +213542569388

 Auteurs de la fiche: Farah Hamamouche, Amine Saidani
Date de publication: septembre 2020

 

 

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