Coopération féminine d’élevage collectif de poulets fermiers

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Pays de l'innovation:
Tunisie
Fiche de l'innovation:

Résumé 

Le manque de sources de revenu des foyers de la région de Nouiel en Tunisie a incité quelques femmes du village à s’unir pour développer une activité économique collective qui est l’élevage avicole.

« Je me sens toute fière quand mon mari ou mes enfants me demandent de l’argent ». 

Le contexte et les objectifs 

Dans le gouvernorat de Kébili en Tunisie, le Groupement de Développement Agricole (GDA) El Tahadi (qui veut dire « défi ») a été créé en 2017 dans le cadre du projet GDEO[1]. Dans la région de Nouiel où les femmes manquent de sources de revenu propre, le projet GDEO avait pour l’objectif de contribuer à l’autonomisation socio-économique des femmes rurales.

La réalisation 

Le GDA El Tahadi, qui est la première organisation socioprofessionnelle féminine créée dans le gouvernorat de Kébili, regroupe 15 femmes appartenant à un même village de Nouiel. Pour stimuler la créativité et renforcer les compétences des membres du GDA, le Commissariat Régional au Développement Agricole (CRDA) de Kébili a organisé un voyage d’échange d’expérience à Sousse et une formation de 2 mois et demi sur le thème de l’« oasis intégrée ». Durant cette formation, plusieurs thématiques oasiennes ont été abordées telles que l’élevage avicole et cunicole, l’agriculture biologique, la biodiversité, etc. Un diplôme a été attribué aux participantes à la fin de la formation.

Pour encourager les femmes du GDA à mettre en pratique les connaissances acquises lors de la formation, l’Office d’Élevage et de Pâturage (OEP) en partenariat avec le CRDA a financé 75% des coûts d’investissement d’un projet d’élevage avicole collectif. Une couveuse et du matériel avicole ont été achetés grâce à cette subvention. Le reste du financement (25 %) a été avancé « en nature » par les membres du GDA, à travers la mise à disposition d’infrastructures.

En concertation avec toutes les adhérentes, et afin d’éviter tout éventuel conflit entre les femmes sur l’emplacement de la couveuse collective, la présidente a décidé de louer un local et d’employer une femme du village pour s’occuper de la couveuse. De plus, les adhérentes ont participé à l’élaboration d’un règlement autour de l’usage de la couveuse collective. Les femmes se sont mises d’accord pour partager les risques de l’activité. Par exemple, si chaque femme met 50 œufs dans la couveuse collective, et sachant qu’un certain nombre d’entre eux ne vont pas éclore, les femmes vont partager entre elle d’une manière équitable le nombre de poussins. De plus, les adhérentes doivent contribuer financement à la caisse commune du GDA afin de couvrir les charges fixes relative à la couveuse (location du local, électricité et main d’œuvre) mais aussi les charges du siège du GDA. Pour chaque 100 DT gagnés, elles doivent verser 1 DT à la caisse commune. Après le partage des poussins, les femmes s’occupent individuellement de leur élevage de poules pondeuses et de poulets de chairs. Chaque femme a aménagé une basse-cour chez elle.

En parallèle à cette activité, le projet GDEO a également organisé un concours pour subventionner des projets féminins et individuels d’élevage avicole. Les cinq gagnantes ont bénéficié individuellement d’une couveuse d’une capacité de 306 œufs, de 43 poules pondeuses et de 7 coqs, et d’alimentation pendant 3 mois. Pour éviter tout conflit entre les femmes-qui appartiennent à la même communauté sociale et qui sont très liées entre elles- les bénéficiaires des 5 couveuses se sont mises d’accord pour laisser les autres femmes utiliser les couveuses. Chaque bénéficiaire d’une couveuse a intégré deux autres femmes en précisant les droits et devoirs de chacune. Ainsi, sur les 306 œufs que compte la couveuse, les 106 œufs (soit 1/3 de la capacité de l’incubateur) reviennent à la bénéficiaire officielle de la couveuse, et 100 autres œufs (soit 1/3 de la capacité de l’incubateur) reviennent aux 2 autres bénéficiaires soit (50 œufs par femme). Les 100 œufs restants permettent de couvrir les charges.  L’objectif final de cette solidarité féminine est d’encourager les 10 autres femmes à acquérir une couveuse individuelle. Les œufs fécondés sont vendus à 0,5 DT/pièce aux adhérentes, à 0,83 DT aux non adhérentes qui veulent développer l’élevage avicole, et à 0,3 DT/ pièce pour la consommation.

Afin de mieux anticiper et/ou gérer les conflits et malentendus et les intérêts divergents entre les femmes, la présidente et la trésorière ont installé une boite où les adhérentes peuvent déposer des lettres. Grâce à cette boite, les femmes peuvent exprimer à tout moment leur sentiment, désaccord, opinion d’une manière anonyme. D’après Naîma et Lamia, présidente au GDA, « cette méthode a permis au GDA de dépasser plusieurs conflits et de souder les relations de confiance et de solidarité entre les femmes ».

Les résultats

Le GDA et l’activité avicole ont permis aux femmes de générer un revenu, d’améliorer leur autonomie et d’améliorer la situation financière de leurs familles respectives. Le GDA et l’activité avicole ont également permis de renforcer les liens entre les adhérentes.

Entre 2017 et 2020, 20 autres femmes ont intégré le GDA pour différentes motivations. Certaines d’entre elles cherchaient plus le côté relationnel que financier. En effet, le GDA offre également aux femmes un soutien psychologique. Les 15 plus anciennes adhérentes partagent leur expériences et compétences avec les nouvelles. Afin de diversifier les activités économiques des 35 adhérentes et éviter toute concurrence entre elles, le GDA a fait plusieurs demandes de formation et de subventions au CRDA. Le CRDA a récemment distribué 15 plants d’oliviers par adhérente. Le GDA encourage également les adhérentes à diversifier les produits en mettant en avant leurs compétences personnelles.

Limites et perspectives

Les adhérentes du GDA El Tahadi connaissent un manque de compétence dans le packaging et la commercialisation des produits. Elles ne disposent pas non plus de matériel de conditionnement.

En termes de perspective, le GDA El Tahadi veut adhérer à la première Société Mutuelle de Services Agricoles féminine de Kébili afin d’améliorer leurs ventes.

 

Contact : Bennasser Lamia et Ben Saâd Naîma ; + 216 95 84 22 98 ; +216 95 27 05 66

Fiche réalisée par : Farah Hamamouche

Date de publication: septembre 2020

[1] Gestion Durable des Écosystèmes oasiens

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