Amplification territoriale des règles collectives de gestion de la recharge de la nappe vers les zones d’extensions agricoles

  1. Accueil
  2. »
  3. Gestion de l'eau
  4. »
  5. Amplification territoriale des règles collectives de gestion de la recharge de la nappe vers les zones d’extensions agricoles
Fiche de l'innovation:

Résumé

Au cours de ces dernières années, l’usage des règles collectives de gestion de la recharge de l’eau à partir des eaux de crue, a été étendu aux zones d’extensions.

 « Historiquement, les Oumana El Sayl testaient au fur et à mesure les puits d’irrigation situés dans l’ancienne oasis pour voir s’ils pouvaient réalimenter la nappe phréatique ».

« Le stockage de l’eau de crue en sous-sol permet d’assurer une disponibilité de l’eau souterraine entre 3 à 5 ans ».

Le contexte et les objectifs 

En plus d’une centaine de puits d’irrigation centenaires, l’oasis de de Beni Isguen à Ghardaïa comptait également 14 puits capteurs appelés localement « Ouaroura » (qui veut dire avaler en langue berbère). Ces puits servaient principalement à recharger la nappe phréatique durant la période pluviale et de puits d’irrigation durant les périodes plus sèches de l’année.

Des nouvelles extensions agricoles se sont développées en amont de la palmeraie à partir des années 1980. De plus, plus de la moitié des anciens puits capteurs au sein de l’oasis se sont effondrés et la loi 98/04 a interdit le creusement de nouveaux puits dans la vallée du M’zab -qui est érigée comme un secteur de sauvegarde du patrimoine-. Face à ces évolutions, la communauté d’irrigants, représentée par les Oumana El Sayl (qui veut dire gardien d’eau en langue berbère), a décidé de recharger la nappe en amont de l’ancienne oasis en aménageant de nouveaux puits capteurs dans les extensions agricoles. Cette amplification territoriale de la zone d’action des règles collectives de gestion de la recharge de la nappe a pour objectif de renforcer la recharge de la nappe en amont de l’oasis afin d’en faire profiter les nouvelles exploitations agricoles (une grande partie des irrigants de l’ancienne oasis de Beni Isguen ont des terres dans les extensions).

La réalisation 

En se basant sur les connaissances et le savoir-faire ancestraux, les Oumana El Sayl ont reconverti en 2017 deux puits privés d’irrigation dans les nouvelles extensions en puits capteurs. Ces deux puits ont été choisis pour leur localisation stratégique et la formation géologique. Ils se trouvent en bordure du principal oued qui alimente la palmeraie de Beni Isguen.

Cette reconversion nécessitait quelques aménagements hydrauliques. Une digue en remblai de plusieurs mètres de longueur a été installée au milieu de l’oued. Cet ouvrage joue une double fonction, qui est la dérivation gravitaire d’une partie de l’eau de crue tout en lui permettant de s’accumuler au pied des deux puits ouarouara mitoyens. De plus, une petite ouverture a été réalisée sur chacun des deux puits pour que l’eau dérivée au niveau de la digue puisse s’infiltrer.

Pour financer ce projet, les Oumana El Sayl, par le biais de la communauté des membres de la mosquée locale, ont lancé un appel de « Touiza » (forme d’entraide collective et sociale) au profit de la communauté d’irrigants. De plus, les propriétaires des deux puits les ont cédés à la communauté des membres de la mosquée pour l’intérêt commun.

Les résultats

Lors des crues d’aout et septembre 2019, les deux puits capteurs ont prouvé leur efficacité. Le niveau piézométrique de la nappe phréatique est remonté plus que lors d’épisodes précédemment de même ampleur. Ces aménagements sont bénéfiques non seulement pour l’agriculture pratiquée dans les extensions mais également pour les anciennes oasis puisqu’elles dépendent des mêmes ressources en eau (surface et souterraine). Cette amplification territoriale de la gestion collective des eaux, a toutefois eu des répercussions sur l’ancienne configuration du système hydraulique traditionnel. Désormais, peu d’eau de surface va s’accumuler dans l’« ahbass » (qui veut dire barrage) qui se situe en aval de la palmeraie.

Limites et perspectives

Malgré les avantages que procure ce genre d’aménagements en dehors des anciennes oasis, certains irrigants de l’oasis de Ben Isgen s’opposent à ces changements, à l’instar de l’assèchement de l’ahbass, dont la mission principale est la recharge de la nappe phréatique par percolation. Les irrigants ayant des puits d’irrigation à proximité de l’ahbass estiment qu’ils sont directement impactés par ces changements de gestion de l’eau. De leur côté, les Oumana El Sayl mènent des compagnes de communication au niveau de la communauté d’irrigants pour leur expliquer les avantages de stocker la plus grande quantité d’eau de crue dans la nappe phréatique avant son entrée dans l’oasis.

En perspective, les Oumana El Sayl explorent la possibilité de développer d’autres puits capteurs dans les nouvelles extensions afin de continuer à renforcer la recharge de la nappe phréatique.

 

Contact :

Hadj Moussa Djabber ; +213 7 75 17 69 30

Auteurs de la fiche: Farah Hamamouche, Amine Saidani

Date de publication: septembre 2020

Catégories:

Envoyer un message au propriétaire de l'annonce

Téléphone: 213775176930